Salut! Je me présente: Joëlle Paquette, fondatrice du blogue Very Joëlle, journaliste et amoureuse invétérée des corgis. Dès aujourd’hui et durant toute l’année à venir (yé!), je signerai un texte mensuel sur le site de Marigold. Je vais jaser d’entreprenariat, de créativité, de bien-être, de féminisme et de tous ces sujets qui touchent les merveilleuses femmes que vous êtes. Vous êtes prêtes? Parce que moi OUI.

S’il y a un sujet qui est abstrait, c’est bien le succès. Sa définition varie systématiquement selon la personne qui te la donne. Pour certains, tout est une question de reconnaissance et pour d’autres, c’est l’émancipation créative. Dans d’autres cas, c’est l’argent ou les «likes» sur Instagram. Moi? C’est de pouvoir me payer une mozzarella di bufala avec une bonne bouteille de vin un jeudi soir (semi joke). 

J’ai décidé d’investiguer sur le sujet en sondant trois entrepreneuses d’ici, à la tête de compagnies bien installées, et en leur demandant ZE question: c’est quoi le succès, hein?

 

Tamara Bavdek, fondatrice de This Ilk

 

Tamara Bavdek

Quand t’étais ado, quelle était ta définition du succès?

J’ai toujours valorisé les idées et la reconnaissance humaine &mdash être respectée, même admirée, pour ce que tu fais. Il n’a jamais été question de pouvoir ou d’argent.

 

Comment ta vision du succès a-t-elle évolué depuis que tu as lancé ta compagnie?

Au début, t’es jeune et tes rêves sont sans limites. Je ne voulais pas devenir la prochaine Jean Paul Gaultier, mais presque! Les possibilités étaient infinies. J’ai eu une belle reconnaissance du milieu: j’ai presque eu un bijou dans L’Officiel Paris pour leur 75e anniversaire et j’ai gagné un kiosque au salon Who’s Next. J’étais zéro équipée pour ça, mais j’ai fini par apprendre sur le tas.

Avec le temps, je me suis calmée et j’ai reconnu que je ne pouvais pas fournir le monde entier. Être une superstar n’était plus mon but. Ultimement, ça me ressemble plus d’être comme je suis aujourd’hui. Je ne suis pas quelqu’un qui veut flasher. J’aime ça être un peu underground.

J’ai aussi trouvé une forme de stabilité qui me fait du bien, même si je sais qu’en tant qu’entrepreneur, la stabilité n’est jamais souhaitable. T’es supposée être en constante croissance, mais moi, ça me permet de respirer. C’est important pour moi d’avoir de la place pour faire autre chose, comme les voyages, le surf, les animaux, la vie sociale, etc.

 

Qu’est-ce qui te donne un sentiment de réussite?

Quand tu te respectes et que tu restes authentique, c’est la forme de succès la plus riche selon moi.

Combien de fois je me suis dit que j’était capable de faire des bijoux qui se vendraient en quantité industrielle, mais que je ne l’ai pas fait parce que l’idée ne m’inspirait pas. Il faut que j’aies l’impression d’inventer quelque chose. Je ne comprends pas comment des gens peuvent imiter des trucs qui existent déjà et en être fiers. C’est un non-sens pour moi. Je comprends qu’il y a des personnes strictement entrepreneuses et qui recherchent exclusivement la rentabilité, mais je suis une créative d’abord et avant tout. J’ai besoin d’être fière de mon produit et de mon processus.

 

Marilyne Baril, fondatrice de Marigold

 

Marilyne Baril

Quelle était ta vision du succès quand tu as lancé ta compagnie et comment a-t-elle évolué depuis?

Mon but a toujours été de respecter mes valeurs et d’offrir un produit local. Au début, je voulais avoir une grosse équipe et vendre à travers le Canada. Je voulais être à la tête d’une business qui pouvait rouler d’elle-même pendant que j’étais partie m’inspirer en voyage.

Aujourd’hui, elle a subi quelques ajustements. Quand j’ai commencé, tout le monde me disait que ça me prendrait cinq ans avant d’être rentable. Je me disais que j’allais faire ça en deux ans. Finalement, c’est bel et bien cinq ans! J’ai appris à être humble par rapport à tout ça: je suis tout le temps en apprentissage et, pour moi, c’est ça la réussite.

 

Est-ce que tu considères que la réussite est un processus ou plutôt un résultat ultime?

Dans mon cas, ce n’est pas «j’ai réussi», c’est plutôt «je réussis» sur une base quotidienne, quand je suis fière de moi à la fin de la journée. 

Quand je travaillais pour une grosse compagnie de mode, je me disais «yes, ma journée est finie». Ma paie aux deux semaines était le seul aspect tangible de mon travail. Aujourd’hui, c’est différent. Je suis satisfaite parce que j’accomplis plein de trucs tous les jours. C’est plus quantifiable selon moi.

 

Le succès est souvent évalué sur le plan professionnel, mais rarement d’un point de vue personnel. Comment perçois-tu cet équilibre?

Mon ex et moi nous sommes laissés quand j’ai lancé mon entreprise; il ne voulait pas m’accompagner dans cette aventure-là. Alors les premières années, j’étais vraiment orgueilleuse. Le succès était d’avoir ma grosse business, m’occuper de mes affaires et faire rouler tout ça toute seule. 

Pour être honnête, l’incitatif était plus monétaire au début, mais maintenant je veux juste être bien. Je sais que je ne deviendrai pas millionaire avec ça. Si je peux continuer à voyager et avoir une famille éventuellement, ce sera mon succès à moi.

 

Raphaëlle Bonin, fondatrice de Station Service

 

Raphaelle Bonin

Quand t’étais ado, quelle était ta définition du succès?

Je ne savais pas ce que je voulais faire dans la vie. Tout ce que je savais était que je voulais vivre de ma passion. Pour moi, les gens qui réussissaient étaient ceux qui faisaient quelque chose qu’ils aimaient. Ma motivation n’a jamais été le gain monétaire. Heureusement ou malheureusement, je ne suis pas une fille à l’argent. Je veux faire quelque chose que les autres ne feront pas, être différente.

 

Comment ta vision du succès a-t-elle évolué depuis que tu as lancé ta compagnie?

Ça me fait drôle d’être interviewée pour cet article, parce que je n’ai pas l’impression d’avoir réussi à 100%. Il reste tellement de travail à faire! On dirait que je me trouverais un peu fendante de dire que j’ai déjà atteint le succès: j’ai encore beaucoup à apprendre et plein d’erreurs à faire.

Le succès est composé de défaites et de réussites. Station Service est un jeune succès. J’avance un pas à la fois. Je pense toujours au prochain but à atteindre. Jusqu’à tout récemment, c’était la boutique. En réalité, c’est l’aventure pour se rendre là qui me fait réellement tripper. Le succès est dans le processus. 

*En format pop-up, Marigold prend d’assaut une partie de la boutique Station Service avec sa collection A/H 18 jusqu’à la fin du mois d’octobre. Allez faire un tour, c’est beau beau beau ;)

 

Tu es très proactive pour atteindre un certain succès professionnel. Comment gères-tu tes succès personnels?

Avant l’ouverture de la boutique, je suis allée dans une retraite de yoga pendant trois jours. Ça m’a permis de prendre du temps pour moi et de réaliser que, depuis le début de Station Service, je me suis vraiment perdue de vue. Je suis tellement monopolisée par l’entreprise que je ne sais plus quels sont mes objectifs personnels. L’équilibre avec mon copain, mes amies et ma famille est tellement important. Mais c’est comme si j’avais accepté que ma vie allait être comme ça pour l’instant; mon entreprise est ma priorité. J’en parle souvent avec ma mentor et c’est le problème de tout entrepreneur.

  

Par Joëlle Paquette pour MARIGOLD 

Photo Tamara Bavdek: Crédit photo Gaëlle Leroyer

Photo Marilyne Baril: Crédit photo Anne Ladouar

Photo Raphaëlle Bonin: Crédit photo Gabrielle Valevicius

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